Scénographie

Extrait d’entretien avec Caroline Melon

Les références à Freaks et Carnivale - La caravane de l'étrange ont fortement influencé la scénographie du lieu. Peux-tu en dire plus sur les contours de cette idée, ce qu’elle évoque pour toi ?

C.M. : Quand je commence un projet, je me raconte une histoire. Celle-ci ne sera pas forcément lisible ou expliquée de façon didactique ensuite, mais elle constitue le fil que je tire, le socle sur lequel je m’appuie, le désir premier qui est né dans le lieu. Ici il s’agissait de faire lien entre un festival de théâtre et un ancien marché. L’évidence était de partir sur les anciennes foires, les anciens cirques et Carnivale - La Caravane de l'étrange et Freaks se sont imposés. Je cherchais aussi, pour un événement institutionnel comme Novart, à glisser du dérangeant, de l’ambigu, du qui frotte. J’avais envie d’un lieu de fête qui ne soit pas dans un « happy » permanent ; certes, nous allions proposer un endroit de joie, de partage et de convivialité, mais j’avais envie de mettre un grain de sable, un truc qui interroge, qui ouvre sur les côtés obscur.
Je rêvais de quelque chose d’un peu sombre, voire de vraiment dérangeant : des animaux vivants, des pigeons, des rats, des images avec un enfant en cage, ce genre de trucs qu’évidemment on ne fera jamais pour de vrai ! (rires)

Et puis, comme dans les cirques anciens, cela nous permettait de jouer avec une multiplicité de propositions dans les stands, et aussi avec des usages auxquels les gens se prêteraient : coiffeur, barbier… On imaginait un barbier au tablier légèrement sanguinolent...

Le scénographe Jonathan Macias avait imaginé un genre de cabinet de curiosité dans lesquels les gens pouvaient entrer à deux-trois maximum parce que l’espace était étroit. Dedans, des tiroirs à ouvrir, des tas de choses à toucher, à sentir, à regarder (un très beau boulot sur la moisissure en particulier, et les aliments qui changeaient au fur et à mesure des semaines) : rien n’a été volé ou dégradé ; les gens allaient et venaient à leur guise. Je pense que plus on fait confiance aux gens, plus ils respectent l’endroit et se sentent chez eux.