Mouvement 1

Mouvement 1 : Foule S.
Avec : Christophe Andral, Dalila Boitaud, Sébastien Génebès, Cécile Maurice / Concepteur son et régie technique : Mikaël Plunian / Intervenant vocal : Emmanuel Vranckx / Mise en condition : Célie Augé /   Professeur d'arabe : Driss Wahbi

Foule S. débute sans que l’on s’en aperçoive ou presque. Quelqu’un à l’arrêt de tram, casque sur les oreilles, fredonne. Un peu fort. Ce chant vient heurter l’espace de protection virtuel dans lequel chacun.e s’enveloppe au moment de pénétrer dans les transports en commun. On connaît la chanson pourtant… C’est qui déjà ? Un peu plus loin, une seconde personne commence à chanter à son tour, puis une troisième. C’est un chœur maintenant. Les yeux fixés dans le vide, comme perdu.es à l’intérieur d’eux.elles-mêmes, ils chantent ensemble, mais semblent étrangement seul.es au milieu des passant.es et des usagers du tramway. Il se dégage d’eux.elles une mélancolie que l’on garde habituellement pour la solitude protectrice de la chambre. Cette intimité est ici exposée, nue et sans artifice, dans l’espace urbain, elle fait irruption, dérange le.la passant.e, déplace son regard et viendra le toucher peut-être. Autour, les regards s’échangent, bientôt amusés, complices. La douceur de l’air si familier, ces paroles que l’on connaît sans les avoir apprises, la simplicité de la scène : la connivence s’installe. Puis, une note reste en suspend, le tram arrive, le quotidien reprend son cours. Mais, ce moment fugace de partage a ouvert, ne serait-ce qu’un instant, une parenthèse impromptue, vivante et sensible dans la mécanique de nos vies ordinaires.

"Récit d'expérience" par Cécile Broqua
Suite pour transports en commun se décline en une série de mouvements. Chacun d’entre eux prend une forme singulière d’intervention dans l’espace public. À l'heure où nos villes se transforment en lieux de passage plus qu'en lieux de vie, où la mobilité (choisie ou non) peut nous conduire à une sensation de déracinement, de "déshabitation" de notre territoire de vie, la performance Suite pour transports en commun cherche à insuffler de légers décalages au sein de ces espaces collectifs. À tout moment de la journée, des saynètes impromptues surgissent ainsi sans prévenir dans ces lieux codifiés de nos ensembles urbains, sur le quai d’un tram, d’un métro, d’un train, dans un bus, une navette ou sur le parvis d’une gare. Pour gratter la surface des humains pressés que nous sommes, re-créer des situations d'échanges éphémères, de magie du quotidien, d'infra-ordinaire légèrement dérangé : le grain de sable qui fait sourire, qui amène de la connivence, de l'humour, du partage, et la reconnexion avec la Foule sentimentale que chantait Souchon et dont nous faisons tous partie, au bout du compte. 

Jeudi 18 juillet 2018 - résidence#1
Suite pour transports en commun - Mouvement 1 – Le récit

« Les chansons disent la vérité, plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies ». François Truffaut

La performance débute sans que l’on s’en aperçoive ou presque. Quelqu’un à l’arrêt de tram, casque sur les oreilles, fredonne. Un peu fort. Ce chant vient heurter l’espace de protection virtuel dans lequel chacun s’enveloppe au moment de pénétrer dans les transports en commun. On connaît la chanson pourtant… C’est qui déjà ? Un peu plus loin, une seconde personne commence à chanter à son tour, puis une troisième. C’est un chœur maintenant. Les yeux fixés dans le vide, comme perdus à l’intérieur d’eux-mêmes, ils chantent ensemble, mais semblent étrangement seuls au milieu des passants et des usagers du tramway. Il se dégage d’eux une mélancolie que l’on garde habituellement pour la solitude protectrice de la chambre. Cette intimité est ici exposée, nue et sans artifice, dans l’espace urbain, elle fait irruption, dérange le passant, déplace son regard et viendra le toucher peut-être. Autour, les regards s’échangent, bientôt amusés, complices. La douceur de l’air si familier, ces paroles que l’on connaît sans les avoir apprises, la simplicité de la scène : la connivence s’installe. Puis, une note reste en suspend, le tram arrive, le quotidien reprend son cours. Mais, ce fugace moment de partage a ouvert, ne serait-ce qu’un instant, une parenthèse impromptue, vivante et sensible dans la mécanique de nos vies ordinaires.

 © Lisa Surault