Dire au revoir

NOVEMBRE 2014

" Il a bien fallu dire au revoir. Il a bien fallu remettre les clefs, et laisser pour quelque temps retomber la poussière sur l’endroit et les feuilles mortes dans la cour, avant que plusieurs mois après, les ouvriers n’envahissent l’espace et démarrent le chantier.
Inviter tous les protagonistes du projet à caresser une dernière fois les murs, saluer, solennellement et joyeusement à la fois, en se laissant être émus, accompagner le bâtiment, comme une bénédiction archaïque, un rite de passage annoncé.

J’avais décidé de tout dire. J’ai exhumé tous les monologues qui n’avaient pas servi, les interviews que personne n’avait entendu, les scénarii non aboutis. J’ai écrit sur les murs pour raconter, donner des pistes, laisser des traces.
Nous avons projeté les photos de ces deux ans de projet, de tous les volets, des détails, des photos de groupe, des images d’avant, de pendant.

A la lumière des bougies, nous avons invité les personnes présentes à écrire des mots pour les ouvriers, pour le futur, à tracer eux aussi sur les murs ce qu’ils souhaitaient y laisser.
Nous avons offert aux présents un petit souvenir, carré de mosaïque qui tient dans la poche, sans doute un des restes de l’époque du lycée, trouvé à la cave dans l’atelier du factotum.

Nous avons officiellement remis les clefs à Dominique Careil, d’Aquitanis.
Et puis, nous sommes partis. "