Performances

Extrait d’entretien avec Caroline Melon

C.M. : Je souhaitais que les gens puissent venir « faire des choses » en lien avec l’ambiance : se faire chouchouter les poils par un barbier, arborer une coiffure à plumes grâce au coiffeur (et devenir à son tour un personnage étrange du lieu), craquer sur un flash dessiné par une tatoueuse ultra-sexy ou interroger son avenir avec la cartomancienne. Tous étaient de vrais pros ; pas de jeu de théâtre mais des savoir-faire exigeants et précis.

D’un point de vue plus artistique, j’ai fait appel à deux comédien.ne.s : Benoît Gasnier et Mélinda Fromanger. Je leur ai demandé de devenir les maître et maîtresse de maison : ils accueilleraient chaque soir le public, auraient leurs rituels dans le lieu avec chaque commerçant, feraient du lien et fabriqueraient des images, sans que l’on sache bien si c’était du vrai ou non (une forme de théâtre invisible puisqu’ils n’étaient pas identifiés).
Certains soirs ils ont été rejoints par quatre jeunes comédiens qui jouaient sur le festival. Mélinda et Benoît ont mené des ateliers avec les bénévoles pour les mettre dans les rôles : comme si les presque soixante personnes constituant le personnel en poste avait été membre d’une grande famille, et chez elle en ce lieu.

Au fur et à mesure du temps passant, les gens entraient dans le lieu en saluant Mademoiselle Mathilde par son nom, lui demandaient des nouvelles, etc.

Enfin, nous avons inventé un peep-show, un endroit où glisser ses yeux pour découvrir des propositions insolites : tomber nez à nez avec une hyène empaillée, regarder des films pornographiques des années 20 ou bien se faire voyeur d’une loge de théâtre occupée selon les soirs par une strip-teaseuse, un magicien, une danseuse classique, un travesti, chacun des quatre performeurs étant surpris en train de se préparer ou au retour de scène, sans jamais que nous ne puissions voir le show en question. Aucun n’était comédien et trois d’entre eux exerçaient ici leur vrai métier.