Lèche-vitrine, 2019

LÈCHE-VITRINE
3 et 4 octobre 2019

Jeu. 3 octobre : répétition générale grandeur nature entre 17h30 et 20h
Ven. 4 octobre - 20h30

Pour l'inauguration de saison du Théâtre Le Liburnia, assistez en avant-première à l'activation de la Maison-Ville... Seules recommandations d'usage : si il pleut, prenez votre parapluie ; si il fait beau, ne vous couvrez pas trop ; et surtout, amenez votre cœur ouvert, prêt à embarquer et vous laisser porter. 

 

Cadrage - montage : Julie Chaffort

 


 

Lèche-vitrine - récit 

La performance Lèche-vitrine est le premier des deux volets de la restitution du travail mené par Caroline Melon et Jonathan Macias dans le cadre du projet Maison-Ville. Elle apparaît comme un avant-propos, un teaser joyeux et convivial du spectacle Parler boutique qui se jouait les jours suivants. D’une certaine manière, on peut dire que Lèche-vitrine annonce Parler boutique au cours d’un moment de partage ouvert. 

Le rendez-vous était donné place place Abel Surchamp. Là, Caroline Melon et Jonathan Macias, maîtres de cérémonie habillés de noir, accueillent les gens avec une première intervention. Ils racontent ce qu’ils ont vécu à Libourne durant l’année qui vient de passer. Ils ont mené en effet plusieurs résidences rue Gambetta, une rue piétonne commerçante qui lutte conte la désertion progressive des espaces commerciaux. Tout au long de l’année 2019, le duo d’artistes a investi des commerces vacants. Ils s’y sont installés de manière temporaire. Développant leurs protocoles habituels de mise en écoute, ils ont vécu dans ces lieux, pour sentir l’ambiance, discuter avec les gens qui y passent, rencontrer celles et ceux qui y vivent et y travaillent, mener des ateliers. Peu à peu ils se sont immergés dans la vie de cette rue, dans ses histoires, ses problèmes, ses enjeux. Ils ont ainsi écrit un scénario minutieusement ciselé pour la performance Parler boutique, une aventure sur mesure qui ne pouvait pas avoir lieu ailleurs qu'à Libourne. Fruit de ce travail documentaire mené durant leurs résidences auprès d’habitant.e.s et de commerçant.e.s de la ville de Libourne, le récit s’inspire de la vie réelle, comme une reconstitution mi-fictionnelle mi-sociologique de la vie telle qu’elle se déroule aujourd’hui dans une petite ville de France. 

Ce soir-là, après le récit de cette expérience, Caroline Melon et Jonathan Macias invitent le public à remonter la rue commerçante en indiquant d’un signe de main, les lieux où ils ont passé du temps et les commerçant.e.s qu’ils ont rencontré, avec lesquels ils ont collaboré, dont ils ont écrit le portrait. Une fois sur l’esplanade François Mitterrand, le public est invité à s’assoir sur des bancs installés face à une vitrine. 

À proximité un buffet est tenu par des élèves du CAP cuisine et service du Lycée Jean Monnet. À la suite d’ateliers menés durant l’année par Caroline Melon, ils ont conçu et réalisé à l’occasion de cette soirée une série de bouchées chromatiques.

Une fois tout le monde installé sur les bancs, les deux maîtres de cérémonie plantent de nouveau le décor. Derrière les vitrines de la boutique qui nous fait face, nous allons assister à des scènes de théâtre muettes sur une bande-son musicale. Ces scènes sont celles qui seront jouées le lendemain dans le spectacle Parler boutique (voir le texte à lire par ici). Si l’on veut savoir ce qui se raconte, associer des mots aux images, il faudra revenir assister à Parler boutique. Ce soir, c’est une évocation de cette fiction. À chaque début de scène, Caroline et Jonathan introduisent le propos. On assiste tout à tour à une scène en apéro-compost, un anniversaire dans une arrière-boutique, une discussion de fin de repas entre frères et sœurs, une scène de confidences entre une grand-mère et sa petite-fille, une autre entre deux frères et la scène de ménage d'un couple dans l’intimité de leur chambre à coucher. Les interprètes sont des participant.e.s libournais.e.s qui sont venu.e.s travailler en amont avec les deux artistes bordelais.

La scénographie s’attache à reconstituer des intérieurs, un salon, une cuisine, une arrière-boutique, une chambre à coucher avec un jeu sur la monochromie des espaces. 

Dans chaque scène, les meubles, accessoires et costumes sont déclinés sur un même ton, vert, bleu, violet, rose, rouge. Ce travail chromatique participe à déréaliser les situations, à les déplacer dans un espace mental, imaginaire. Les scénettes apparaissent comme des dioramas vivants acidulés. 

Avec ces couleurs vives et la musique de variété branchée au maximum, l’ambiance est électrique, joyeuse. On a le sentiment d’assister à des clips vidéo ou de vivre une expérience de cinéma muet. Les gens se laissent emporter, chantent, tapent dans les mains, se parlent, se rencontrent. Cela rappelle le théâtre à l’ancienne, à l’époque de Molière où l’on pouvait vivre et bouger le temps de la représentation. Ce soir-là, l’ensemble des gens, habitant.e.s de Libourne impliqués dans le projet Maison-Ville étaient présents pour ce moment de partage et de fête.

Pour finir la soirée, un tirage au sort offrait à trente spectat.eurs.trices un « moment spécial ». L’idée était de les immerger dans des coulisses de la ville de Libourne, des endroits où l’on ne pénètre jamais si notre quotidien ou notre profession ne nous y guide pas. Ils.elles se sont ainsi retrouvé.e.s en petits groupes dans une arrière-boutique de boulangerie, une autre d’herboriste, dans les coulisses du théâtre du Liburnia ou encore dans les réserves des Archives de la ville. À chaque fois un moment singulier à vivre fait de savoir-faire partagés et de récits de vie. Ils ont ainsi vécu une expérience hors du temps, inoubliable, qui permet de tisser des liens particuliers, sensibles et puissants avec les personnes rencontrées, commerçant.e.s, techniciens ou archivistes. De ces moments de partages émergeront à n’en pas douter de nouveaux récits qui participeront à créer du commun, du lien, de la fable au cœur de la cité.